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L’Union européenne adapte sa politique étrangere á la Composition ethnique/religieuse de sa population!

24/10/2013
PARIS (NOVOpress) – Chronique du Choc des civilisations connaissant sa troisième édition (notamment actualisée), Novopress a rencontré son auteur, Aymeric Chauprade, un esprit brillant et non soumis au politiquement correct.

Aymeric Chauprade, dans cette réédition de Chronique du Choc des civilisations, vous consacrez un large chapitre à la présentation de ce choc et de son importance pour l’histoire européenne. Pourtant, certains veulent nier l’existence de ce choc, considérant que c’est une création des réseaux néo-conservateurs étasuniens. Mais, à la suite de Carl Schmitt et de Julien Freund, ne peut-on pas reconnaître que ce n’est pas parce que nous refusons ce choc des civilisations qu’il n’existe pas. Ne peut-on pas affirmer ainsi que depuis les Thermopyles c’est un élément fondateur de la civilisation européenne ?

CHAUPRADE

Le choc des civilisations est une réalité de l’Histoire même si, je le répète souvent, l’Histoire ne saurait se réduire au seul choc des civilisations. Notre civilisation, la civilisation européenne, est en compétition avec d’autres depuis des millénaires. Nous pouvons même dire qu’elle est en guerre depuis des millénaires si nous ne restreignons par le terme de guerre à l’idée d’affrontement militaire mais que nous y intégrons les intérêts économiques, stratégiques, l’affrontement des systèmes de normes, de valeurs…

Vouloir nier cette évidence, c’est rendre le choc des civilisations potentiellement plus violent encore. Il faut au contraire accepter l’évidence et s’employer à favoriser le dialogue des civilisations. Il n’y a pas d’incompatibilité à reconnaître le choc des civilisations et à œuvrer pour la paix des peuples. C’est en effet en acceptant l’existence des civilisations, leur droit à survivre, à se protéger contre l’utopie mondialiste qui cherche à les dissoudre pour former un village global gouverné par une oligarchie mondialisée, que l’on pourra créer les conditions de l’équilibre entre les civilisations. Pendant que les États-Unis et leurs affidés projettent leur puissance partout dans le monde, nos gouvernants endorment les peuples en Europe et leur font croire que la puissance est en arrière de l’histoire. Ce n’est évidemment pas le cas et l’affaire de l’espionnage américain en France, qui ne surprend que ceux qui ne veulent pas voir la réalité en face, est un nouvel avatar de cette guerre sournoise entre les peuples et les civilisations.

Pendant que les États-Unis et leurs affidés projettent leur puissance partout dans le monde, nos gouvernants endorment les peuples en Europe et leur font croire que la puissance est en arrière de l’histoire.

Quels sont les éléments nouveaux apparus entre la précédente édition de votre livre et l’actuelle ? La place qu’occupe désormais la Russie comme pendant à l’unipolarisme des États-Unis en est-il un ? Peut-on parler de l’action de Vladimir Poutine en Syrie quant aux armes chimiques comme d’une victoire de la Russie ?
Chronique du Choc des civilisations, par Aymeric Chauprade

Chronique du Choc des civilisations, par Aymeric Chauprade

Ce que je montre c’est essentiellement l’affrontement de plus en plus marqué entre deux tendances contradictoires : la tendance unipolaire, soutenue par les États-Unis, qui cherchent à globaliser le monde, et de l’autre côté, la tendance multipolaire, laquelle oppose au mondialisme un monde fondé sur l’équilibre entre les pôles de puissance. Cet atlas de géopolitique est l’histoire de cet affrontement, depuis l’effondrement du monde bipolaire en 1990. L’arrivée de Poutine, au début des années 2000, a sans doute été le tournant le plus important dans la géopolitique mondiale depuis la chute de l’URSS et la réunification de l’Allemagne. L’ouvrage va, selon moi, très au-delà des atlas que l’on trouve habituellement sur le marché : il montre qu’il y a une sorte d’intelligibilité de l’Histoire. Et derrière les crises qui se sont succédé depuis 1990, on perçoit notamment la trame d’un vaste plan stratégique américain. Cet atlas montre bien aussi que la géopolitique est la combinaison du fait identitaire et du fait économique, qui se cristallise autour de la quête des ressources.

C’est l’apanage des grands peuples, comme les Russes, mais aussi les Français, les Allemands ou les Britanniques, que de voir apparaître des personnages exceptionnels qui viennent les secouer, leur rappeler qu’ils sont appelés depuis des siècles à la grandeur.

Quant à Vladimir Poutine, il est l’incarnation de la supériorité stratégique et diplomatique de la Russie sur les puissances occidentales. Il apparaît comme l’antidote salutaire à ces dirigeants de l’immédiateté, du court-terme, quand ce n’est pas de la « courte-vue ». L’arrivée de ce personnage est une chance providentielle pour le peuple russe, menacé après la chute de l’URSS de tiers-mondisation. C’est l’apanage des grands peuples, comme les Russes, mais aussi les Français, les Allemands ou les Britanniques, que de voir apparaître des personnages exceptionnels qui viennent les secouer, leur rappeler qu’ils sont appelés depuis des siècles à la grandeur.

Dans vos derniers entretiens, vous accordez une place importante à la question migratoire, notamment à ce que Renaud Camus et beaucoup à sa suite nomment le Grand Remplacement. Considérez-vous que la place de la France et de l’Europe dans le monde va être durablement et profondément affectée par ce phénomène ? Peut-on voir l’action des États-Unis et du Qatar au sein des populations immigrés en France comme l’une des explications de l’évolution belliciste de notre pays au Proche-Orient ?

Il est incontestable que la dynamique d’immigration extra-européenne est en train de se traduire en France par le remplacement des populations de souche française et plus largement européenne par des populations non européennes. A noter que les Français de nos territoires d’Outre-Mer, bien que n’étant pas de souche européenne, sont des Français à part entière et que j’ai, à leur endroit, une affection toute particulière. Je tiens beaucoup à l’Outre-Mer français qui participe de l’identité française au même titre que la métropole et qui contribue à faire de la France une puissance de dimension mondiale. Ces Français sont eux-mêmes soumis dans leur zone géographique à une pression migratoire forte et subissent aussi les conséquences de la dérégulation migratoire.

Pour revenir au territoire européen de la France, les statistiques de l’Ined sont implacables quant à l’augmentation de la proportion d’origine extra-européenne dans la part des nationaux. Le grand remplacement ethnique n’est donc pas une illusion, un fantasme comme veut le faire croire l’idéologue Hervé Le Bras, auquel il faut opposer les travaux de démographes sérieux comme Gérard-François Dumont, Philippe Bourcier de Carbon ou Michèle Tribalat. Ce grand remplacement, qui inquiète des penseurs aussi différents que Richard Millet, Renaud Camus ou Alain Finkielkraut, est une réalité mathématique. A cela s’ajoute un phénomène de multiculturalisme car l’assimilation des populations extra-européennes ne se fait plus. Elle pouvait se faire à petite dose, elle ne saurait se faire à haute dose. C’est volontairement que je n’utilise pas le terme intégration, car il ne veut rien dire. Il n’y a en réalité que trois modèles possibles : le refus de l’immigration et la conservation de l’identité ethnique, modèle qui est celui de la plupart des pays du monde, du Japon, de la Chine, de la Russie, d’Israël, des pays arabes, jusqu’à la Côte d’Ivoire qui a explosé autour du concept d’ivoirité… ; l’assimilation, qui veut qu’un pays multi-ethnique peut être viable à la condition d’être mono-culturel, c’est-à-dire homogène culturellement ; le modèle multi-ethnique et multiculturel qui est en réalité celui vers lequel nous dérivons de manière tragique.

Ma position est pragmatique. Je pense qu’il faut s’efforcer de défendre le premier modèle, ce qui revient à créer les conditions du départ d’un grand nombre d’immigrés extra-européens n’ayant pas vocation à rester sur notre territoire, tout en assimilant la composante de l’immigration qui est assimilable, sur le critère premier du mérite, c’est-à-dire des efforts qui ont été faits par ces immigrés pour s’assimiler à la civilisation française (comme par exemple la maîtrise de la langue française, la francisation des noms, l’adhésion à la culture française…) et ce qu’ils apportent à notre peuple en terme de prospérité et d’innovation.

Il est évident qu’il est plus confortable du point de vue de notre “opinion publique” musulmane de soutenir des Arabes sunnites que des Perses chiites et des Arabes alaouites et chrétiens!

Quant à savoir si la question identitaire intérieure affecte notre position internationale, la réponse est sans conteste oui. D’abord parce que beaucoup de pays, en Asie en particulier, mais aussi en Amérique Latine, ne croient pas à l’avenir d’un pays repeuplé par des populations venues d’Afrique et ne comprennent pas la faiblesse des Français face à la dynamique d’islamisation. Je peux en témoigner : j’évoque ce sujet avec des décideurs politiques et économiques de haut-niveau en Corée du Sud, en Chine, en Argentine, en Russie… Et mes interlocuteurs ne comprennent pas le suicide identitaire de la France. Deuxièmement parce qu’il est devenu évident que le poids de la communauté musulmane française, ses connections avec certains pays du Golfe, sont devenus un paramètre pris en compte dans nos décisions de politique étrangère. L’exemple de l’axe Syrie/Iran, axe chiite auquel s’oppose un axe sunnite radical soutenu par les monarchies sunnites du Golfe est, à cet égard, très parlant. Il est évident qu’il est plus confortable du point de vue de notre “opinion publique” musulmane de soutenir des Arabes sunnites que des Perses chiites et des Arabes alaouites et chrétiens! En même temps, nous nous retrouvons dans cette position schizophrénique où nos services extérieurs aident la rébellion islamiste sunnite en Syrie tandis que nos services intérieurs doivent suivre à la trace les Français de papier qui quittent notre sol pour aller faire le djihad en Syrie… Je pense que deux choses expliquent principalement les options de la politique étrangère de la France : d’une part la puissance de l’atlantisme au sein de nos élites gouvernantes, d’autre part la prise en compte croissante du poids des musulmans dans notre société, et donc aussi dans notre armée.

Vous vous engagez donc officiellement au sein d’un parti politique. Parti politique dont le discours en politique étrangère va à-rebours du discours officiel. Est-ce l’acte fort que vous évoquiez comme réponse au suicide de Dominique Venner ? Est-ce indiquer que les questions de géopolitique et de puissance sont des questions politiques essentielles ?

J’ai décidé de joindre la parole aux actes et de soutenir Marine Le Pen car je trouve qu’elle mène un combat extrêmement courageux qui vise à rendre aux Français leur souveraineté, donc la maîtrise de leur destin. Je n’ai pas choisi de le faire comme réponse à une mort volontaire, geste fort choisi par un homme arrivé au crépuscule de sa vie. Ce geste m’a frappé, d’autant plus que Dominique Venner était un ami et qu’il est aussi un historien que je respecte beaucoup. En ce qui me concerne, je suis catholique, j’ai l’espérance et je cherche à la transmettre à mes enfants. J’ai profondément ancrée en moi la conviction qu’au pays de Jeanne d’Arc, lorsque tout paraît compromis, tout redevient possible ! Ce qui se passe en France, ces signes de réveil, confortent mon optimisme. Je crois que la France va s’en sortir et qu’elle va surprendre le monde en portant au pouvoir un vrai gouvernement de rupture.

Pour continuer sur cet engagement politique, vous développez un discours « alter-européen » (oui à un projet européen respectueux des nations, oui à un axe Paris-Berlin-Moscou, non à l’Europe de Bruxelles). Comptez-vous diffusez ce discours lors des prochaines élections européennes ? Et si oui par quels biais (médias, colloques, contributions, etc.) Vous avez appelé lors de votre discours à l’UdT du Front national à une sorte d’union sacrée. Le fait de partager cette vision alter-européenne peut-il en faire partie ?

Oui, Paris-Berlin-Moscou est la vision de l’Europe que j’entends porter ! Je crois en l’idée européenne même si je pense que l’horizon de la France va au-delà de l’Europe et que nous avons une vocation à compter dans le monde. Mais j’entends participer au recouvrement par la France de toutes ses capacités de décision. L’avenir de la France n’est ni dans l’OTAN, ni dans le processus de construction européenne actuel qui est le contraire d’une Europe-puissance. S’il m’est permis de donner de la voix au moment des élections européennes, c’est ce discours d’une France libérée dans une nouvelle Europe puissance que j’entends bien porter. Mais pour cela, le recouvrement de la souveraineté est un préalable nécessaire car la souveraineté, c’est la liberté des choix géopolitiques, économiques, monétaires, juridiques, identitaires… C’est la clé absolue, qu’il va falloir aller chercher au fond des urnes. Seul un vote franc et massif donnera la légitimité pour opérer des choix forts. Croyez en mon regard de politologue, l’Histoire n’est pas linéaire : les courbes historiques connaissent parfois des accélérations formidables.

L’avenir de la France n’est ni dans l’OTAN, ni dans le processus de construction européenne actuel qui est le contraire d’une Europe-puissance.

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