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UN AUTRE VISAGE DE LA GUERRE, LA GUERRE DEMOGRAPHIQUE ?

UN AUTRE VISAGE DE LA GUERRE, LA GUERRE DEMOGRAPHIQUE ?

par le général Jean du Verdi

ou la bombe P, comme Population
Vae Victis !

Cromagnon a éliminé Néanderthal.

Les Celtes ont submergé les bâtisseurs de mégalithes.

Les Européens ont écrasé les Amérindiens.

Africains et Orientaux effaceront-ils bientôt les Européens de la surface de la terre ?

Telle est la question suggérée par le déséquilibre démographique actuel du monde et les mouvements de population qu’il entraîne.

En 1974 , Houari Boumédienne déclarait à la tribune de l’O.N.U. :

Un jour des millions d’hommes quitteront les parties méridionales et pauvres du monde , pour faire irruption dans les espaces accessibles de l’hémisphère nord, à la recherche de leur propre survie. La prophétie du président algérien n’est-elle pas en train de se réaliser sous nos yeux ? Une démographe autorisée écrit : « en Seine Saint Denis, la conjonction d’une formidable croissance de la jeunesse d’origine étrangère et d’un recul de celle d’origine française dessine un processus de substitution démographique, qui marque d’ailleurs Paris et l’ensemble de la petite couronne. »

Les phénomènes démographiques sont souvent examinés sous leurs aspects économiques ou humanitaires, ne convient-il pas d’y voir aussi les causes et les instruments de conflits politiques? Conflits qui, même si les armes y jouent un rôle réduit, entraînent les mêmes résultats que les opérations militaires:

– déposséder certains peuples de leurs territoires ;

– assujettir des populations autochtones à la loi de nouveaux venus ;

– faire payer tribut à l’occupant par l’occupé, sous formes de prestations diverses [1];

– détruire des communautés historiques dont les membres fuient ou se renient.

Ces conflits, comme les guerres classiques, sont soumis à une logique de rapports de forces. Leurs conséquences s’avèrent plus graves car ils tuent non seulement les individus mais aussi les peuples.[2] Ils ont une façon insidieuse d’apparaître tolérables jusqu’au moment où le rapport de forces rend plus difficile la réaction de l’agressé, jusqu’au moment où les civilisations victimes sont si bien prises à la gorge qu’elles en meurent. Parler de guerre à leur sujet souligne leur gravité, les traiter comme des guerres permet de les étudier en s’inspirant de la stratégie.

L’Europe se trouve dans une situation qui n’est pas vraiment la guerre, mais qui n’est plus la paix. Elle supporte des charges équivalentes à celle de la guerre et doit les assumer avec les contraintes du temps de paix. Le paradigme guerre aiderait à organiser une réflexion objective sur le sujet. Les conflits entre groupes issus de civilisation différentes ont toujours existé, ils restent une donnée de base en politique. Samuel Huntington [3] et l’école de Harvard, ont décrit ce qu’ils appellent les guerres « civilisationnelles ». Ils décrivent la structuration du monde en peuples non miscibles et rivaux.

Leur mérite a été de mettre l’accent sur les différences entre les civilisations et les conflits potentiels qu’elles représentent. Les détracteurs d’Huntington, lui reprochent de présenter les civilisations comme des données fixes et permanentes. Il n’existe certes pas de corpus culturel stable et définitif ; les civilisations, organismes vivants, évoluent et subissent des influences extérieures, mais elles évoluent conformément à leur génie propre et rien ne permet d’affirmer que leurs trajectoires soient convergentes. Les contacts révèlent plus de différences qu’ils n’en effacent. Les cohabitations suscitent plus de conflits qu’elles n’en apaisent.

Une certaine uniformisation du mode de vie sur la planète, favorisée par les échanges commerciaux, touristiques, scientifiques, ne rapproche pas automatiquement de l’avènement d’une civilisation universelle. L’internationalisation de la quotidienneté matérielle ne préfigure ni une religion, ni même une culture universelle. Qui peut réfuter la théorie d’Huntington et soutenir que l’on pourrait faire vivre en paix, sur le même sol et sous la même loi, des Chinois, des Congolais et des Suédois ? A travers leur analyse des conflits ensanglantant l’ex-Yougoslavie il montre que les camps se sont formés et ont reçu des appuis extérieurs pour des raisons civilisationnelles. Les conflits ethniques latents sont attisés par les gradients de pression démographique et arbitrés par les rapports de poids des populations. Il n’est pas de collectivité en forte expansion qui reste paisiblement chez elle. Les idéologies meurtrières naissent dans les groupes surpeuplés. (Gaston Bouthoul) [4]

Les polémologues classiques, Raymond Aron comme Hans Morgenthau, limitent la notion de guerre aux actes de violence dictés par l’intention d’un Etat. Cette conception s’avère aujourd’hui trop restrictive car elle conduit à considérer comme des délits de droit commun des actes hostiles commis sur notre sol mais dictés par des ambitions étrangères. La guérilla urbaine endémique que nous connaissons n’est pas assimilable au banditisme d’antan, elle ressort de causes ethniques.

Au paléolithique l’humanité comptait environ cinq millions d’individus. Leur répartition sur les trois grandes zones de l’écoumène, zone ouest peuplé de blancs[5], zone est de jaunes et zone sud de noirs, accusait probablement des variations similaires. Aux alentours de 10 000 ans avant notre ère les premières cultures, l’élevage et la sédentarisation permirent la multiplication des hommes : deux cent cinquante millions au début de l’ère chrétienne, six cents millions au 18e siècle, progression remarquable, mais rien en regard de la multiplication par dix enregistrée depuis.

Les progrès de l’agriculture et de la médecine accélérèrent d’abord la croissance démographique en Europe, ses excédents de population se déversèrent sur les autres continents. L’Europe croissait plus vite que le reste du monde, elle occupait, elle colonisait, elle dominait.

Au cours du XX° siècle le dynamisme démographique changea de camp. Il passa de l’Europe aux autres continents. Epuisée par des guerres fratricides l’Europe perdit foi en son avenir, cessa de procréer au moment même où la diffusion de ses savoirs provoquait l’explosion démographique du reste du monde. Nos populations devenues stériles se trouvent maintenant confrontées au tsunami démographique africain et moyen-oriental.

Raymond Aron pointe comme cause première de la guerre un phénomène qui la précède et l’accompagne, le surplus d’hommes jeunes[6]. Mais, dans le contexte de son époque, il lie l’agressivité à un acte militaire. Or la conquête n’exige pas, dans un premier temps, une intervention militaire, voir ce qui s’est passé en Amérique au XIX° siècle, au Kosovo ou à Ceylan au XX°. L’accumulation de jeunes inemployés, phénomène typique de l’Europe du XIX° siècle, comme de l’Afrique et du Moyen Orient aujourd’hui, crée une situation belligène. La pyramide des âges offre un critère d’évaluation de l’agressivité plus sûr que les potentiels militaires. S’ils sont incapables de forger des armes, les peuples prolifiques partent les mains nues et conquièrent des terres étrangères par leur présence massive.

Cause des guerres, par les mouvements de population qu’elle provoque, la vitalité démographique est parfois délibérément arme de conquête. En jouant de leur masse les peuples se livrent des luttes aux conséquences plus durables que celles des batailles. Les régimes totalitaires du siècle dernier ont utilisé leur population à des fins impérialistes. Mussolini a installé des colons italiens au Tyrol du sud ; Staline a russifié les pays Baltes par des apports massifs de population, Mao a procédé de même au Tibet ; plus récemment les Turcs ont assuré leur emprise sur Chypre en y introduisant 100.000 de leurs ressortissants.

En général, aujourd’hui, les Etats n’organisent plus cette forme d’agression, même s’ils la favorisent en sous main. La 4° Convention de Genève interdit à une puissance occupante de transférer une partie de sa population dans le territoire étranger qu’elle occupe[7]. Les peuples partent donc, plus ou moins spontanément, chercher chez les autres la satisfaction de leurs besoins ou de leurs rêves. Aux invasions, brèves ou prolongées, provisoires ou définitives, par des colons entraînés dans le sillage des soldats ont succédé des migrations progressives mais massives qui, dans un premier temps n’inquiètent pas mais qui, à terme, aboutissent à un résultat plus définitif.

Les conquêtes militaires qui ne s’accompagnent pas d’une domination démographique ne s’éternisent pas. En dépit des massacres perpétrés, faute de colons installés, ni Gengis Khan ni Tamerlan n’ont occupé durablement les pays asservis par eux. La conquête militaire des Balkans par les Turcs n’a pas assuré leur installation définitive ; en Serbie, en Croatie, en Bulgarie, l’ethnicité balkanique a finalement triomphé de l’impérialisme ottoman. En Algérie, la faiblesse de la démographie française au XIX° siècle n’a pas permis d’installer le deux millions de colons que réclamait Bugeaud pour appliquer sa devise Ense et aratro, et la conquête française a échoué.

En revanche, aux USA, en Australie, en Nouvelle Zélande, les Anglo-saxons se sont assuré une domination définitive en écrasant les autochtones sous leur poids démographique. Les noirs en Afrique du Sud, les musulmans au Liban ont pris le pouvoir par l’effet du nombre.

Athènes n’a pas été déchu de son rang par les armées romaines mais quand elle est tombée aux mains des métèques attirés par sa prospérité. Rome a fini par succomber aux coups des barbares car elle était minée de l’intérieur par les pérégrins [8] venus profiter des largesses de l’Annone[9]. Le brassage de population a cassé la solidarité et le sens civique de ces cités. Elle les a ainsi privés d’un projet collectif porteur de l’espoir nécessaire pour procréer. La défaite militaire de 1940 et l’occupation allemande, loin de détruire la France, l’ont ressoudée et y ont réveillé la natalité.

La pléthore démographique de l’Afrique et du Moyen-Orient en s’extravasant vers l’Europe prépare l’occupation progressive du territoire des peuples caucasiens [10] et leur submersion. Il n’est pas nécessaire d’éliminer physiquement les individus pour détruire un peuple, il suffit de dissoudre les caractères raciaux, culturels et religieux qui constituent sa personnalité. La guerre démographique n’entraîne pas la destruction physique de l’ennemi mais à sa défaite totale par la destruction de son être collectif, de son corps symbolique, par la rupture de filiation que provoque le métissage. La défaite condamne à survivre hors de la relation générationnelle, dans une vacance d’identité. Un génocide sournois a débuté sous nos yeux au cours du XX° siècle, il se poursuit au XXI° sans avoir encore provoqué de réaction des victimes.

Faut-il, alors que l’on s’efforce de sauver la diversité biologique des équidés ou des batraciens, sacrifier celle de l’espèce humaine, moteur de son évolution, au mythe d’une unité fondée sur les principes abstraits de l’universalisme humaniste ? Faut-il accepter des mélanges, qui du fait des disproportions numériques, entraîneront la disparition des populations blanches dans leur berceau historique ?

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